Mon enfant, nous étions enfants
Mon enfant, nous étions enfants,
Deux enfants petits et gais;
Nous rampions dans le poulailler,
Nous nous cachions sous la paille.
Nous imitions le chant du coq
Et si des gens passaient tout près –
" Cocorico !", ils pensaient
Que c’était le cri du coq.
Les caisses, dans notre cour,
Nous les garnissions de tapis,
Et nous y habitions ensemble,
Et nous faisions un élégant logis.
Le vieux chat du voisin
Venait souvent en visite.
Nous lui faisions révérences et courbettes,
Et ce qu’il faut de compliments.
Nous l’avions interrogé, soucieux
Et amicaux, sur sa santé;
Nous avons, depuis, répété
La même chose à maint vieux chat.
Souvent nous étions assis, et parlions
Raisonnables comme des vieux,
Et nous plaignions que tout
Etait bien mieux de notre temps;
Que l’amour, la fidélité et la foi
N’existaient plus en ce bas monde,
Et que le café était cher
Et que l’argent était rare !—
Disparus sont les jeux de l’enfance,
Et toute chose roule au loin –
L’argent et le monde et le temps
Et la foi, la fidélité et l’amour.
Mein Kind, wir waren Kinder
Mein Kind, wir waren Kinder,
Zwei Kinder, klein und froh;
Wir krochen ins Hühnerhäuschen,
Versteckten uns unter das Stroh.
Wir krähten wie die Hähne,
Und kamen Leute vorbei -
" Kikereküh!" sie glaubten,
Es wäre Hahnengeschrei.
Die Kisten auf unserem Hofe,
Die tapezierten wir aus,
Und wohnten drin beisammen,
Und machten ein vornehmes Haus.
Des Nachbars alte Katze
Kam öfters zum Besuch;
Wir machten ihr Bückling’ und Knickse
Und Komplimente genug.
Wir haben nach ihrem Befinden
Besorglich und freundlich gefragt;
Wir haben seitdem dasselbe
Mancher alten Katze gesagt.
Wir saßen auch oft und sprachen
Vernünftig, wie alte Leut’,
Und klagten, wie alles besser
Gewesen zu unserer Zeit;
Wie Lieb’ und Treu’ und Glauben
Verschwunden aus der Welt,
Und wie so teuer der Kaffee,
Und wie so rar das Geld!—
Vorbei sind die Kinderspiele,
Und alles rollt vorbei -
Das Geld und die Welt und die Zeiten,
Und Glauben und Lieb’ und Treu’.
Henri Heine (1797-1856)