Louis-Napoléon
Aigle d'Austerlitz, où étaient tes ailes quand,
exilé bien loin sur un rivage barbare, après une
lutte inégale, sous les coups d'un inconnu, tomba
le dernier rejeton de ta race de rois ?
Pauvre enfant ! tu ne paraderas plus dans ton
manteau rouge, tu ne chevaucheras pas en grande
pompe à travers Paris, à la tête de tes légions revenues,
mais d'autre part, ta mère, la France, libre
et républicaine,
posera sur ton front pâle et sans couronne les
lauriers plus glorieux de la couronne guerrière,
afin que ton âme puisse sans déshonneur aller là-bas
raconter au puissant auteur de ta race
que la France a baisé les lèvres de la Liberté, et
les a trouvées plus douces que le miel de ses abeilles
à lui, et que la Démocratie, vague géante, se brise
sur les rivages où les rois reposaient sans souci.
Oscar Wilde (1854-1900)