Sonnet 126


ô mon aimable enfant, toi qui tiens en ton pouvoir le sablier capricieux et qui joues avec l’heure,
cette faux du Temps, toi qui vis de ravages et ne montres autour de toi que des cœurs flétris à mesure que tu grandis!

Si la nature, cette souveraine qui règne sur des ruines, te retient près d’elle à chaque pas que tu fais en avant,
c’est qu’elle te garde dans le but de tromper par la ruse le temps et de tuer les heures misérables.

Pourtant ne te fie pas à elle, ô toi, favori de son caprice. Elle peut retenir, mais non pas garder toujours son trésor:
il faut, malgré tous les délais, qu’elle paye sa dette, et elle ne peut être quitte qu’en te livrant.


William Shakespeare (1564-1616)
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