Sonnet 31


Ton sein s’est enrichi de tous ces cœurs que je supposais morts parce qu’ils me manquaient; en toi je retrouve mes amours, et toutes les tendres effusions de ma tendresse, et toutes ces affections que je croyais ensevelies.

Que de larmes saintes et funèbres a dérobées à mes yeux un tendre et religieux attachement, intérêt payé à des morts qui ne sont maintenant pour moi que des êtres lointains qui gisent cachés en toi!

Tu es la tombe où vit mon amour enseveli, décorée du trophée de mes affections passées qui t’ont rendu chacune la part qu’elles avaient de moi. Le bien de tant d’autres est désormais tout à toi.

Je vois en toi les images que j’ai aimées, et toi, les réunissant toutes, tu me possèdes tout entier.


William Shakespeare (1564-1616)
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