C'est toi qu'il me faut
Ton amour m'a enlevé à moi-même; c'est toi, toi qu'il me faut
Je souffre, je brûle jour et nuit; c'est toi, toi qu'il me faut.
Je ne me réjouis de fortune, ni ne me plains d'indigence
Je me console de ton amour; c'est toi, toi qu'il me faut.
Mortel aux amoureux l'amour pour toi qui les enfoncedans l'océan
Et qui les baigne dans ton image; c'est toi, toi qu'il me faut.
C'est causeries qu'il faut aux soufis, et le paradis aux dévots
C'est Leylî qu'il faut à Mecnun; c'est toi, toi qu'il me faut.
Fou d'amour, que j'habite monts et vaux, enivré par ton vin divin
Que je pense à toi jour et nuit; c'est toi, toi qu'il me faut!
Si un jour je connais la mort et que mes cendres soient jetées en l'air
Ma terre va alors s'écrier: C'est toi, toi qu'il me faut.
Et ce qu'on appelle paradis : quelques palais et quelques houris
Et donne-les à qui voudrait; c'est toi, toi qu'il me faut.
Et moi, je m'appelle Yunus; ma flamme d'amour va montant
Ici-bas ou en l'au-delà, c'est toi, toi qu'il me faut.
Yunus Emre (1901-1963)
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